Chef-dโลuvre du roman gothique anglais, Le Moine (1796) met en scรจne la dรฉchรฉance dโun capucin suprรชmement vertueux, pris dans les rets dโune tentatrice diabolique. Pรฉchรฉs de la chair, magie noire, visions infernales, transgression, damnation : rรฉdigรฉ par un jeune homme de vingt ans ร peine, ce rรฉcit sulfureux, oรน le fantastique se mรชle ร lโhorreur et oรน le dรฉsir rรจgne en maรฎtre, crรฉa le scandale avant dโรชtre รฉrigรฉ en objet de culte par des gรฉnรฉrations dโรฉcrivains. On ne compte plus les romantiques qui, comme Hoffmann, Coleridge et Victor Hugo, sโen inspirรจrent ; Charles Dickens alla jusquโร acheter le manuscrit aux enchรจres ; Andrรฉ Breton en fit un modรจle pour le surrรฉalisme ; et Antonin Artaud, qui en proposa une rรฉรฉcriture libre, salua lโenvoรปtante ยซ sorcellerie verbale ยป de Lewis : ยซ Je continuerai ร tenir pour une ลuvre essentielle Le Moine, qui bouscule cette rรฉalitรฉ ร pleins bras, qui traรฎne devant moi des sorciers, des apparitions et des larves, avec le naturel le plus parfait, et qui fait enfin du surnaturel une rรฉalitรฉ comme les autres. ยป