LÕagonie de Jsus au Jardin des Olives, premire phase de la Passion, dconcerte beaucoup trop de catholiques de mme que les incommodent les vocifrations et les crachats de la foule au prtoire de Pilate ou le bruit des marteaux frappant sur les clous qui rivent Jsus la Croix. Il ne leur dplat pas de sÕasseoir au banquet des noces de Cana_; ils aiment assez brandir des palmes, en chantant, le Jour des Rameaux. Mais souffrir avec Jsus, lÕassister dans sa solitude, on y rpugne. On prfre carter la pense de ce quÕIl donne pour nous. Un contemplatif le marque avec tristesseÊ: Ç_Bien des personnes, crit-il, prouvent une impression de gne en prsence de la Passion de Jsus-Christ_; et ce qui augmente ce malaise, cÕest que Jsus nous invite faire entrer sa Passion dans toute notre existence._È Oui, fort souvent, on ne veut demander au christianisme que des motions agrables et superficielles. Et cÕest cause de cette barbare lgret quÕen un grand nombre dÕmes, Jsus subira son agonie jusquÕ la fin du mondeÉ Je ne suis quÕun atome ct de Pascal et je prterais rire si jÕavais lÕoutrecuidance de placer mes pitres critures auprs du Mystre de Jsus. Pourtant, Dieu mÕayant octroy la grce de la souffrance quotidienne, daigne aussi mÕinsuffler la volont de lÕunir aux souffrances de mon Rdempteur. Je ne mritais pas cette marque de sa misricorde. QuÕon me permette de rapporter la circonstance o je la reus. JÕtais de passage dans une ville populeuse et bruyante dont la plupart des habitants cherchaient oublier les horreurs de la guerre en sÕtourdissant parmi des liesses ignobles. Sans aucun doute, il sÕy trouvait, et l, quelques mes dÕoraison mais je ne les connaissais pas. Dj malade, environn dÕindiffrence joviale, peu prs sans le sou, je sentais le dcouragement sÕinsinuer en moi dÕautant que lÕavenir mÕapparaissait trs sombre. Je priais bien encore un peu, par bribes, non de lÕme mais du bout des lvres, car lÕA quoi bon_? pre de toutes les dsertions commenait rgir mes prires. Et le Mauvais en profitait, selon sa tactique invariable, pour me chuchoter que Celui qui jÕavais la navet de me confier ne prtait nulle attention mes plaintes. Un soir, je me tranais aux confins du dsespoir_; je me disais que jÕtais bien sot de mÕenliser dans ma peine plutt que de chercher une diversion brutale dans les ftes grossires qui mÕinvitaient chaque pas. En ce pril, je fus conduit, je ne sais comment, devant la porte entrÕouverte dÕune glise. DÕun mouvement tout machinal je la poussai_; jÕentrai dans le sanctuaire_; ce fut par habitude et sans mme articuler une syllabe de dvotion que je mÕinclinai devant le Saint-Sacrement.
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