Se déplaçant du contexte européen d’après-guerre à l’Afrique du Sud et aux États-Unis, la dimension politique du pardon prend, au cours de cette seconde année du séminaire, un relief particulier alors que Jacques Derrida analyse la théâtralité des scènes de repentance en faisant comparaître successivement Hegel, Nelson Mandela, Desmond Tutu et Bill Clinton – sans oublier la portée singulière de la parole des femmes.
La trajectoire esquissée en 1998-1999 passe ainsi par la lecture de La Cité de Dieu de saint Augustin, des textes de Hegel sur le pardon, de certaines Lectures talmudiques de Levinas, de différents écrits de Mandela et de Tutu au sujet de la Commission Vérité et Réconciliation, notamment, ainsi que par l’analyse de scènes d’actualité – d’aveu ou de repentir – telles qu’elles se sont multipliées dans l’espace public, en France, en Afrique du Sud, au Chili et aux États-Unis, en particulier sous la présidence de Bill Clinton au sujet de l’esclavage, de la politique américaine en Amérique latine, ou encore du « Monicagate ».
Le texte de ce séminaire a été établi par Ginette Michaud, Nicholas Cotton et Rodrigo Therezo.
Philosophe et écrivain français né en Algérie en 1930, Jacques Derrida est l’auteur d’une œuvre monumentale, au centre de laquelle se trouve le concept de « déconstruction » : Derrida réexamine les thèses métaphysiques en supprimant les présupposés de la parole dans la philosophie occidentale. Devenu le philosophe français le plus étudié dans le monde, il meurt à Paris fin 2004.