ÂĢ Tuer un type, tout le monde pouvait le faire, mais, en tuant, loger la peur dans le crÃĸne de dix mille autres, ça c Êtait notre boulot ! Pour ça, fallait y aller au couteau, comprends-tu ? C'est le couteau qui a gagnÊ la guerre, pas le canon ! [...] On est peut-ÃĒtre trois mille, pas plus, à s'en ÃĒtre servi ; sur tous les fronts. C'est ces trois mille-là les vainqueurs, les vrais ! Âģ
Arracher à la guerre un de ses masques, dÊvoiler une Ãĸme de guerrier dans sa terrible sincÊritÊ, en dÊpeignant sans hypocrisie ces nettoyeurs des corps francs qui pratiquaient le combat et le meurtre comme un sport de grande classe et rapportaient dans la paix, outre une profonde blessure, le goÃģt tenace de tuer, telle est l'intention première de Roger Vercel. Mais le romancier nous offre Êgalement à travers ce rÊcit de guerre et ce tÊmoignage sur la justice militaire, un extraordinaire portrait, celui du capitaine Conan, Breton animÊ d'une Ênergie de corsaire, farouche et truculent, qui Êveille tout à la fois la pitiÊ, la sympathie et l'horreur.
Au sein de l'oeuvre abondante de Roger Vercel, l'un de nos grands romanciers de la mer avec Au large d'Eden, En dÊrive ou la trilogie de La Fosse aux vents, Capitaine Conan occupe une place à part. Nourri par l'expÊrience personnelle de son auteur qui fit la guerre sur le front d Orient, ce roman, dont le cinÊaste Bertrand Tavernier s'est inspirÊ, a reçu le prix Goncourt en 1934.