La proie du chasseur: les mystères de Sophia Blake

Chicago saigne en silence.

Pas le genre de sang qu'on entend dans les reportages ou les déclarations du conseil municipal. Non. Cette ville laisse échapper la vérité comme un cadavre laisse échapper la chaleur : lentement, horriblement, et généralement trop tard.

Les riches bâtissent leurs châteaux dans des tours de verre et des lotissements fermés, mais les clôtures d'acier n'arrêtent pas les balles. Et quand les masques tombent, quand le pouvoir pourrit, même les rois et les reines de la ville finissent la tête la première dans leur propre sang.

L'inspectrice Sophia Blake a tout vécu : les fusillades de drogués à Garfield Park, les horreurs domestiques à Roseland, les corps jetés le long de la rivière Calumet comme des ordures oubliées. Elle sait que Chicago n'a pas que des monstres. Elle les crée. Les façonne. Les protège par la politique, l'argent et le silence de ceux qui ont trop peur pour crier.

Mais même Sophia n'était pas prête pour la scène Liard.

Jake Liard – dieu de l'industrie pharmaceutique, PDG milliardaire – pendu avec sa femme comme un prix de boucherie. Un message agrafé sur leur poitrine, dans un sanglant défi : « Je sais ce que vous avez fait. »

Ce n'était pas qu'un meurtre. C'était une exécution. Une déclaration.

Et cette déclaration résonnerait dans chaque gratte-ciel vitré et chaque poignée de main secrète de la ville.

Dès le premier coup de feu, ce fut la guerre. Pas celle que l'on mène avec des gangs au coin de la rue. Celle-ci était plus propre, plus riche, plus méthodique. Elle transperçait l'élite de Chicago comme un scalpel. Précise. Punitive. Et très, très personnelle.

Sophia n'avait ni équipe technique ni autorisation fédérale. Elle n'avait ni le temps pour la politique ni la patience. Ce qu'elle avait, c'était de l'instinct. Des nerfs d'acier. Et un Glock calibre .40 qu'elle n'avait pas peur d'utiliser.

Elle suivrait le sang. Des penthouses aux placards crasseux des commissariats. À travers les salles de réunion et les bars. À travers les corps d'hommes qui se croyaient intouchables.

Parce que quelqu'un les chassait.

Et Sophia Blake était la seule à traquer le chasseur.