La Legende des Siecles (Complete)

· Library of Alexandria · AA bidezko narrazioa, Fiona narratzailearen ahotsarekin (Google-koa)
Audio-liburua
20 h 52 min
Laburtu gabe
Egokia
AA bidezko narrazioa
Balorazioak eta iritziak ez daude egiaztatuta  Lortu informazio gehiago
Lagin bat (30 min) nahi al duzu? Entzun ezazu edonoiz, baita konexiorik gabe ere. 
Gehitu

Audio-liburu honi buruz

J’eus un rêve, le mur des siècles m’apparut.

C’était de la chair vive avec du granit brut,

Une immobilité faite d’inquiétude,

Un édifice ayant un bruit de multitude,

Des trous noirs étoilés par de farouches yeux,

Des évolutions de groupes monstrueux,

De vastes bas-reliefs, des fresques colossales;

Parfois le mur s’ouvrait et laissait voir des salles,

Des antres où siégeaient des heureux, des puissants,

Des vainqueurs abrutis de crime, ivres d’encens,

Des intérieurs d’or, de jaspe et de porphyre;

Et ce mur frissonnait comme un arbre au zéphyre;

Tous les siècles, le front ceint de tours ou d’épis,

Étaient là, mornes sphinx sur l’énigme accroupis;

Chaque assise avait l’air vaguement animée;

Cela montait dans l’ombre; on eût dit une armée

Pétrifiée avec le chef qui la conduit

Au moment qu’elle osait escalader la Nuit;

Ce bloc flottait ainsi qu’un nuage qui roule;

C’était une muraille et c’était une foule;

Le marbre avait le sceptre et le glaive au poignet,

La poussière pleurait et l’argile saignait,

Les pierres qui tombaient avaient la forme humaine.

Tout l’homme, avec le souffle inconnu qui le mène,

Ève ondoyante, Adam flottant, un et divers,

Palpitaient sur ce mur, et l’être, et l’univers,

Et le destin, fil noir que la tombe dévide.

Parfois l’éclair faisait sur la paroi livide

Luire des millions de faces tout à coup.

Je voyais là ce Rien que nous appelons Tout;

Les rois, les dieux, la gloire et la loi, les passages

Des générations à vau-l’eau dans les âges;

Et devant mon regard se prolongeaient sans fin

Les fléaux, les douleurs, l’ignorance, la faim,

La superstition, la science, l’histoire,

Comme à perte de vue une façade noire.

Et ce mur, composé de tout ce qui croula,

Se dressait, escarpé, triste, informe. Où cela?

Je ne sais. Dans un lieu quelconque des ténèbres.

Il n’est pas de brouillards, comme il n’est point d’algèbres,

Qui résistent, au fond des nombres ou des cieux,

A la fixité calme et profonde des yeux;

Je regardais ce mur d’abord confus et vague,

Où la forme semblait flotter comme une vague,

Où tout semblait vapeur, vertige, illusion;

Et, sous mon œil pensif, l’étrange vision

Devenait moins brumeuse et plus claire, à mesure

Que ma prunelle était moins troublée et plus sûre.

Chaos d’êtres, montant du gouffre au firmament!

Tous les monstres, chacun dans son compartiment;

Le siècle ingrat, le siècle affreux, le siècle immonde;

Brume et réalité! nuée et mappemonde!

Ce rêve était l’histoire ouverte à deux battants;

Tous les peuples ayant pour gradins tous les temps;

Tous les temples ayant tous les songes pour marches;

Ici les paladins et là les patriarches;

Dodone chuchotant tout bas avec Membré;

Et Thèbe, et Raphidim, et son rocher sacré

Où, sur les juifs luttant pour la terre promise,

Aaron et Hur levaient les deux mains de Moïse;

Le char de feu d’Amos parmi les ouragans;

Tous ces hommes, moitié princes, moitié brigands,

Transformés par la fable avec grâce ou colère,

Noyés dans les rayons du récit populaire,

Archanges, demi-dieux, chasseurs d’hommes, héros

Des Eddas, des Védas et des Romanceros;

Ceux dont la volonté se dresse fer de lance;

Ceux devant qui la terre et l’ombre font silence;

Saül, David; et Delphe, et la cave d’Endor

Dont on mouche la lampe avec des ciseaux d’or;

Nemrod parmi les morts; Booz parmi les gerbes;

Des Tibères divins, constellés, grands, superbes,

Étalant à Caprée, au forum, dans les camps,

Des colliers, que Tacite arrangeait en carcans;

La chaîne d’or du trône aboutissant au bagne.

Ce vaste mur avait des versants de montagne.

O nuit! rien ne manquait à l’apparition,

Tout s’y trouvait, matière, esprit, fange et rayon;

Toutes les villes, Thèbe, Athènes, des étages

De Romes sur des tas de Tyrs et de Carthages;

Tous les fleuves, l’Escaut, le Rhin, le Nil, l’Aar,

Le Rubicon disant à quiconque est césar:

—Si vous êtes encor citoyens, vous ne l’êtes

Que jusqu’ici.—Les monts se dressaient, noirs squelettes.

Et sur ces monts erraient les nuages hideux,

Ces fantômes traînant la lune au milieu d’eux.

La muraille semblait par le vent remuée;

C’étaient des croisements de flamme et de nuée,

Des jeux mystérieux de clartés, des renvois

D’ombre d’un siècle à l’autre et du sceptre aux pavois

Où l’Inde finissait par être l’Allemagne,

Où Salomon avait pour reflet Charlemagne;

Tout le prodige humain, noir, vague, illimité;

La liberté brisant l’immuabilité;

L’Horeb aux flancs brûlés, le Pinde aux pentes vertes;

Hicétas précédant Newton, les découvertes

Secouant leurs flambeaux jusqu’au fond de la mer,

Jason sur le dromon, Fulton sur le steamer;

La Marseillaise, Eschyle, et l’ange après le spectre;

Capanée est debout sur la porte d’Électre,

Bonaparte est debout sur le pont de Lodi;

Christ expire non loin de Néron applaudi.

Voilà l’affreux chemin du trône, ce pavage

De meurtre, de fureur, de guerre, d’esclavage;

L’homme-troupeau! cela hurle, cela commet

Des crimes sur un morne et ténébreux sommet,

Cela frappe, cela blasphème, cela souffre,

Hélas! et j’entendais sous mes pieds, dans le gouffre,

Sangloter la misère aux gémissements sourds,

Sombre bouche incurable et qui se plaint toujours.

Et sur la vision lugubre, et sur moi-même

Que j’y voyais ainsi qu’au fond d’un miroir blême,

La vie immense ouvrait ses difformes rameaux;

Je contemplais les fers, les voluptés, les maux,

La mort, les avatars et les métempsycoses,

Et dans l’obscur taillis des êtres et des choses

Je regardais rôder, noir, riant, l’œil en feu,

Satan, ce braconnier de la forêt de Dieu.

Baloratu audio-liburua

Eman iezaguzu iritzia.

Informazioa entzutea

Telefono adimendunak eta tabletak
Instalatu Android eta iPad/iPhone gailuetarako Google Play Liburuak aplikazioa. Zure kontuarekin automatikoki sinkronizatzen da, eta konexioarekin nahiz gabe irakurri ahal izango dituzu liburuak, edonon zaudela ere.
Ordenagailu eramangarriak eta mahaigainekoak
Google Play-en erositako liburuak ordenagailuaren web-arakatzailean irakur ditzakezu.